Stage d’aquarelle à côté de Lagos au Portugal.
Le besoin de soleil et de vacances se font sentir ? ….. Après le zoo de Vincennes pourquoi pas un petit stage d’aquarelle au Portugal ?????
Nous avons connu Anne Christophe durant les journées portes ouvertes des ateliers de Belleville. Elle y exposait dans une grande pièce toute blanche, inondée de soleil cachée dans une cour intérieure ou bien d’autres artistes proposaient leur travail.
Ce jour ci , par chance , une chanteuse de flamenco ou fado ???? nous transportait déjà au soleil alors qu’un restaurateur bio proposait ses jus de fruits pour le moins décapants.
Séduits par la gentillesse d’Anne nous avons sympathisé puis nous sommes allés la voir en Bourgogne pour nos premiers pas à l’aquarelle.
Ce stage aura été pour nous l’occasion d’expérimenter de nouvelles techniques d’aquarelle.
Puis au début de l’année 2018 nous est parvenu ce flyer pour un stage au Portugal …. Ni une ni deux, les billets d’avions ont étés achetés, l’hébergement réservé et les valises dans les starting-blocks
Projet pédagogique :
- Pour nous, le but est de bien asseoir les bases que nous avions déjà vu en Bourgogne :
- Les différents types de papier et leurs caractéristiques
- Les couleurs.
- Utilisation de l’eau.
- Faire des réserves sans drawing-gomme
- Créer des effets de matière.
- Peindre en extérieur
Le matériel
– Un morceau (50×50) d’une vieille serviette éponge et des chiffons
– Crayon de papier 2B
–Des pinceaux pour aquarelle en petit gris,:
– un canif
– un rouleau de scotch tesa
– une palette blanche ou une assiette pas trop petite. Le mieux étant une palette vide en plastique blanc qui se ferme
–Un tube des couleurs suivantes de chez Winsor et Newton:
Bleu outremer nº263
Rose permanent nº50
Gris de Payne Nº783 Schmincke
Les caractéristiques des papiers pour aquarelle.
La matière composant les feuilles
Le papier aquarelle est disponible sous 2 formes :
-les papiers 100% coton composé de linters (Fibres très courtes, restant fixées sur les graines de certains cotonniers après l’égrenage) et de chiffons en coton. Ils sont est plus chers, mais de meilleur qualité.
-Les papiers cellulose composés de pâte à papier. La pâte est composée de fibres de cellulose extraites du bois.
Le grammage
L’aquarelle, étant une technique mouillée on utilise beaucoup d’eau . Il faut donc que les papiers résistent a l’humidité : ne se déchirent pas, ne se gondolent pas, ne pluchent pas ….
- Moins de 300 g/m² : plus économique, le papier a le défaut de gondoler plus rapidement. Il est donc indispensable de le tendre, avant de travailler, en le fixant à un support.
- 300 g/m² : le grammage idéal pour la plupart des aquarelles, ni trop fin ni trop épais.
- Plus de 300 g/m² : plus lourd et plus épais, le papier conserve davantage l’humidité. La peinture y sèche plus lentement .
Le grain du papier
Le grain du papier aquarelle est ce qui donne la texture de la surface. Le choix de celui-ci va dépendre des techniques que vous pratiquez, de ce vos sujets ou encore de vos préférences.
Il existe principalement 3 grains :
Le grain satiné : sa surface est lisse et douce au toucher
Le grain fin : son homogénéité et son manque d’aspérité confèrent un aspect lisse
Le gros grain ou grain torchon : très prononcé, il permet des effets particuliers
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Résumé :
Ne pas confondre la matière composant le papier : cellulose ou coton avec le grain du papier : grain satiné, grain fin et le grain torchon qui n’est pas forcement en coton mais peut aussi être en cellulose.
Premier jour
- Gris de payne
- Bleu outremer
- Ocre
Pour obtenir le ciel nous avons utilisé un mélange de gris de Payne et de bleu outremer assez fortement dilué, ensuite nous avons humidifié , avec un gros pinceau humidificateur en petit gris, toute la zone correspondant au ciel en prenant bien garde de réserver les zones blanches sans utiliser du drawing gum que je n’aime pas.
Ensuite nous avons déposé du mélange en haut du ciel et nous l’avons fait descendre en penchant la feuille dans tous les sens. Attention, si il manque de couleur, il faut en rajouter par le haut alors que la zone est encore humide, une fois sèche cela créerait des auréoles.
Une fois bien sec, pour mettre en avant les blancs, remplir les zones d’ombres des bâtiments avec un bleu outremer avec une légère pointe d’alizarine.
Les blancs ont été réservés en faisant très attention de ne pas mettre d’eau dessus. Les zones d’ombres roses-violacées les font ressortir. |
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Le reste de la lande sera peinte avec des couleurs de plus en plus fortes à mesure que l’on avance vers le bas du dessin. Ne pas oublier de laisser de petites zones de blanc sur la lande lointaine pour faire vibrer l’ensemble et l’alléger.
Les herbes du 1 er plan sont réalisées grâce à un cure dents qui griffe une zone de peinture encore humide . Pour les petites points, figurant les granules, nous utilisons soit des brosses à dents chargées de peinture dans lesquelles nous passons le doigt, soit un pinceau assez gros bien chargé de peinture sur lequel nous tapotons.
Cette séance commence un peu comme une incantation vaudou : chacun d’entre nous choisi un poisson frais arrivant tout droit du marché local puis nous le transperçons d’épingles pour le faire tenir sur une planche de carton mousse monté en chevalet (voir les photos ci dessous). Ne surtout pas oublier de poser des feuilles de papier absorbant à la base afin d’éviter que le ‘jus’ dégouline partout.
Il est aussi conseillé de vaporiser de l’eau régulièrement sur votre modèle pour qu’il conserve l' »oeuil frais » et le poil brillant !!!!
Comme nous utilisons un papier satiné, il est donc sans grain et il est difficile de faire des dégradés comme nous l’avons fait avec le papier précédent. C’est un papier qui est utilisable pour tout ce qui est botanique. Faire attention, il peut être un peu « buvard » et lui arrive de plucher.
Par contre les aplats déposées sont uniformes, pour faire des zones « floues » ou des mélanges, il faudra très vite rajouter les autres couleurs sur la première alors que tout reste humide.
Pour le poisson, nous avons commencé par faire la tête, zone ou il y a plus de variation de couleurs. Nous avons mouillé une surface désirée et déposé la couleur voulue quitte à rajouter rapidement. une pointe d’une autre couleur.
Vous remarquerez les auréoles provoquées par ces ajouts qui conviennent parfaitement pour le sujet mais peu poser de problèmes pour d’autres thèmes.
Le noir de l’oeuil est obtenu avec un mélange de terre de sienne brûlée et de gris de Payne. Ne pas oublier de réserver le point de lumière blanc .
Le haut du dos, de la tête à la queue a été humidifiée par un gros pinceau mouilleur et la couleur à suivi d’un seul coup pour éviter les taches citées ci dessus.
La « fermeture éclair » jaune est réalisée grâce à une multitude de traits à l’aide d’un petit pinceau synthétique un peu raide.
Pour les nageoires sauf les dorsales, il faut déposer un aplat de couleur claire puis déposer une seconde couleur plus foncée à la base de la nageoire et tirer cette dernière avec un cure dent.
J’ai loupé les nageoires dorsales qui sont trop foncées, les crêtes de celles ci ont étés faites avec un pinceau très fin.
L’ombre est un mélange de bleu outremer avec très peu d’alizarine et peut être du gris de Payne, le tout très délayé.
Les couleur utilisées :
- Bleu outremer
- Gris de Payne
- Bleu phtalo ou bleu Winsor nuance bleue
- Indigo
- Bleu de manganèse
- Alizarine pour la queue
- Orange transparent
- Or quinacridone
- Violet de pérylène
Après la phase de dessin et de vérification de la perspective avec un morceau de ficelle posé sur le point focale au dessus de la porte , un aplat bleu de cobalt nous colore le ciel en évitant de revenir dessus avec le pinceau mouilleur qui marquerait cette zone d’auréoles.
Ensuite nous passons aux noirs sauf les antennes et les fils électriques.
Les pavés sont définis avec un pinceau fin par des traits pointillés pour éviter la lourdeur, puis les murs du fond se voient couverts d’un gris bleuté moyen figurant les demi-teintes en évitant les zones sur lesquels le soleil frappe, une fois sec, un glacis gris plus foncé est appliqué sur les murs les plus à l’ombre.
Il est important de bien comprendre que ce sont bien bien les différences de contraste, quitte à les exagérer un peu, qui apportent la puissance au travail.
Comment faire les fenêtres ? J’ai utilisé deux techniques . Pour la fenêtre de droite j’ai tout simplement dessiné les quatre carreaux en prenant bien soin de les laisser séparés par un espace.
Pour celle de gauche j’ai peint toute la fenêtre puis avec un pinceau très fin chargé de d’eau propre j’ai tracé des traits ou je voulais faire disparaître la couleur foncée, puis rapidement j’ai épongé le liquide avec un chiffon propre ce qui a eu pour effet d’éclaircir les montants de la fenêtre.
Les fils électriques et les antennes utilisent des pinceaux dits « trainards » qui sont très utiles pour tout ce qui doit être fin et léger.
La porte bleue est en bleu céruléum.
les tuiles sont une succussion de petits traits tracés séparément.
Les couleurs utilisées :
- Jaune indien
- Rose permanent
- Bleu Outremer
- Bleu céruléum
- Bleu de cobalt
Quatrième jour
Le temps s’étant mis au beau, une sortie s’impose . Une vue lointaine d’une falaise et d’une colline tombant lentement dans la mer alors qu’une rivière serpente dans la vallée …. Parfait !!!!
Après le dessin rapide nous utilisons les caractéristiques du papier avec un grain torchon qui permet aux couleurs de rester en surface et provoque des granulations correspondant parfaitement aux textures du ciel et des arbres .
Un bleu cobalt, du gris de Payne pour les nuages foncés et des réserves pour les blancs.
Ne pas oublier de conserver les blancs pour les maisons puis différents bleus mélangés à de l’ocre, du jaune de Naples et du jaune de cadmium nous donneront les différents verts.
Bien tenir compte de la perspective pour créer des frondaisons plus petites , moins puissantes en couleur et plus bleutées lorsqu’elles sont proches des maisons alors qu’elles seront plus grosses et vertes en avançant vers nous.
Un brin d’alizarine dans l’eau du fleuve pour le dynamiser, le chemin en jaune de Naples et ocre ainsi que pour les falaises mais cette fois ci, mélangés avec du gris de Payne.
Le temps de faire tout cela, il est déjà l’heure de partir et je n’ai pas tout fini. Je suis moyennement satisfait de mon travail.
Travail sur un papier Moulin rouge cellulose 325 grammes
Nous voila sur un papier cellulose, qui, je vous le rappelle peut être mouillé mais doit être tendu avant pour éviter de gondoler. Il est difficile de rajouter de la couleur sur ce support mais il est assez facile d’en enlever pour éclaircir et faire des retraits.
Avant de mettre en couleur, bien vérifier la perspective , à part cela, rien de bien nouveau dans cette aquarelle sinon que le balcon avec ses ornementations n’est pas facile à rendre sans qu’il paraisse trop appliqué.
Les zones d’humidités sont rendues par des glacis gris plus ou moins forts, puis des gouttelettes d’eau claire sont projetées avec un pinceau propre puis sont très vite soit tamponnées ou essuyées avec un chiffon propre pour rendre des zones de valeurs différentes et de textures intéressantes.
Pour dynamiser le tout, des gouttelettes de couleurs foncées sont réparties sur la peinture en utilisant soit une brosse à dents soit un pinceau bien chargés.
Les zones de mur sales entre les deux portes sont peintes avec un pinceau pas trop mouillé utilisé sur la tranche
Un glacis d’or quinacridone passé avec un pinceau large et souple sur le côté droit de la porte donne du punch à l’ensemble.
Profitons en aussi pour bien foncer le dessus de la porte et le dessous du balcon. Les contrastes, toujours les contrastes !!!
Les lignes blanches sous les portes sont réalisées avec un stylo à peinture blanche.
Laisser des zones de blancs sur la route et le trottoir, éviter au maximum les aplats bien réguliers en aquarelle.
Les fils sont traités avec un traînard.
DIVERS
Conclusions :
Stage très intéressant durant lequel nous avons pu consolider nos connaissances en aquarelles. Quelques « feed-backs » ou , peut être, des idées d’améliorations :
- Trop de temps à corriger les erreurs de dessins surtout que nous étions 12. Le nombre de participants n’est pas gênant lorsque nous peignons puisque Anne passe régulièrement ou vient lorsque nous lui demandons mais la correction des dessins étant individuelle, prends beaucoup de temps.
- Pas assez de peinture en extérieur dû au temps capricieux et au vent froid. Bien évidement personne y est pour quelque chose !!!!
- Convient pour des personnes commençant l’aquarelle ou pour asseoir les bases car les cours sont très guidés . Pour les personnes un peu plus avancées, il serait peut être bien de voir « en cours » un principe général du genre « les réserves » et d’aller l’appliquer au choix sur un sujet personnel ou sur un proposé par Anne .
- Ou alors faire une sorte de TP contenant un ensemble de mises en situations utilisant le principe général sans avoir comme but de réaliser un sujet. En effet je n’étais pas là pour repartir avec des travaux à accrocher au mur en rentrant mais pour apprendre des techniques de l’aquarelle . Peut être un mélange des deux : TP pour faire des essais et réaliser après un sujet contenant la technique utilisée. Les TP ou exercices sont probablement moins gratifiants dans un premier temps mais plus efficace sur la distance.
- Pour m’inscrire à un autre stage, j’aurais besoin de thématiques plus précises par exemple : l’architectures, les portraits, le nus, les plantes ….
- Il serait bien d’avoir de petits documents résumant les caractéristiques des papiers, des couleurs, des mélanges pour faire telle ou telle chose, un rappel des techniques, les choses à faire ou ne pas faire ….. Pas d’inquiétudes Anne a confirmé que cela serait fait pour les prochains stages.
- L’endroit est magique, situé sur une colline baignée d’une ambiance un tantinet soixante huitarde très sympathique, pour un peu nous ne serions pas étonnés outre mesure de voir surgir Maxime le Forestier chantant « San Francisco » 🙂 .
- Les hôtes Paul et Isabelle sont adorables, très communicants et donnent beaucoup. Tout cela nous a valu des soirées chants ou tout le monde y allait de sa ritournelle grâce à la présence d’une pianiste et de la voix de Paul qui a vite fait de nous embarquer.
- Enfin, les repas communs sont pris dans une pièce immense débordant de charme et de chaleur sous le regard bienveillant de Sainte Rita .
Merci à tous : Anne, Isabelle et Paul et les autres …. .